S’engager dans une démarche sociétale aujourd’hui relève d’une nécessité absolue, et ce, afin de participer à l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Ces dernières années, les entreprises s’emploient à l’élaboration de stratégies socialement responsables pour assurer des services de qualité et satisfaire les besoins de leurs clients.
Avec la modernisation des échanges, la mise en œuvre d’une stratégie de développement durable apparaît comme un nouveau paradigme en sciences économiques et la Responsabilité sociale ou sociétale des entreprises (RSE) représente une déclination de ce type de développement pour le monde des affaires. Ainsi, pour les entreprises, qui veulent s’intégrer dans la communauté internationale, la RSE apparaît comme une condition nécessaire pour gagner des parts de marchés et participer à la chaîne de valeur dans l’espace économique mondial. Une partie de leurs exportations dépend de la capacité d’engagement en faveur de la RSE. Cet engagement se concrétise par la certification, par une démarche attentive aux valeurs humaines fondamentales et respectueuses de l’environnement, par un comportement éthique et par des investissements.
Quel intérêt pour l’entreprise d’avoir une démarche RSE ? La RSE n’est plus une option aujourd’hui, c’est une nécessité qui doit être intégrée à la stratégie globale de l’entreprise. L’entreprise, quelle que soit sa taille, est intégrée de fait dans un écosystème où les interactions avec les acteurs internes (collaborateurs, partenaires sociaux…) et externes (citoyens, clients, fournisseurs…) à sa sphère l’amènent obligatoirement à faire évoluer sa stratégie pour introduire les attentes des parties prenantes.
De façon globale, les différentes crises (économique, sociale, environnementale, sanitaire…) que nous continuons à traverser induisent des mutations dans les relations de l’entreprise avec ses parties prenantes. Pour faire face à la défiance généralisée et apporter une contribution positive à la société, l’entreprise doit s’engager dans cette démarche sociétale. Une démarche désormais nécessaire à sa croissance, et ce, pour plusieurs raisons. Elle permet une meilleure maîtrise des risques, une plus grande acceptabilité sociale, une meilleure attractivité vis-à-vis des investisseurs, mais aussi une meilleure réputation de l’employeur.
Nombreuses demeurent les entreprises encore réticentes face à une telle démarche qui nécessite des procédures administratives, des charges supplémentaires…et bien d’autres raisons qui freinent les responsables à s’engager dans ce processus.
Le besoin est aujourd’hui celui d’agir pour changer les modalités et les modes de management et d’accepter, volontairement, de rendre compte aux parties prenantes. Ce qui transforme la simple adhésion volontaire en un engagement réel et efficace, traduisant un changement véritable au niveau de l’entreprise.
De ce fait, un effort devrait être fourni en matière de sensibilisation et de vulgarisation de cette notion afin de promouvoir la démarche RSE.
Pourquoi passer à la RSE ?
A l’évidence, les moyens financiers de la Tunisie sont faibles, la situation économique était déjà compliquée avant même l’apparition de la pandémie du covid, elle est et elle sera encore plus difficile en raison des mesures économiques et sociales mises en place par le gouvernement pour protéger les entreprises, sauver les emplois et soutenir les personnes vulnérables.
Le cabinet de conseil spécialisé dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE Consulting) précise, dans une étude baptisée «Tunisie : la RSE/O au cœur de la lutte contre le coronavirus», que «l’Etat est responsable pour mettre en place les mesures nécessaires afin de dépasser cette crise sanitaire et humanitaire, cependant, dans un esprit de solidarité, les différentes parties prenantes doivent concerter leurs efforts pour soutenir l’Etat à plusieurs niveaux».
Certes, la Responsabilité sociétale des entreprises/organisations (RSE/O) «est volontaire et l’aide apportée reste un choix et une conviction, cependant, un des principes-clés de la RSE/O est la notion de redevabilité. En effet, toute organisation exerçant sur un territoire donné est redevable à l’ensemble des parties prenantes qui lui ont permis d’opérer dans des conditions acceptables. Si nous prenons l’exemple d’une entreprise, celle-ci est redevable à l’Etat qui lui a délivré les autorisations nécessaires pour travailler et qui veille à maintenir un environnement favorable à l’exercice de l’activité, aux employés qui constituent le capital humain de l’entreprise, aux voisins qui permettent l’installation d’une entreprise à proximité de leurs habitations, etc.», indique Aimen Ktari, l’auteur de cette étude.
Cette entreprise, dans le cadre de sa politique RSE, «est tenue de soutenir toute partie prenante ayant contribué à sa réussite en amont», ajoute-il.
Aujourd’hui, nous vivons exactement la même situation, nous sommes tous redevables envers la Tunisie. D’ailleurs, «ce sentiment de redevabilité s’est traduit par un ensemble d’actions et d’initiatives solidaires qui ont été mises en place dans le cadre d’un engagement de responsabilité sociétale qui a touché tous les intervenants, à savoir les entreprises privées, les organismes publics, les associations, les organisations professionnelles, les citoyens, etc.».
Ces actions sont rarement structurées dans le cadre d’un système de management RSE/O avec un budget, des objectifs, un suivi, un reporting, mais dans la plupart des cas, il s’agit d’actions individuelles décidées en vue des circonstances. «L’objectif étant d’aller au maximum vers des structures qui intègrent la responsabilité sociétale dans leurs stratégies et d’avoir, par conséquent, des actions réfléchies, ciblées et durables pour la continuité de ces actions».
Les acquis de la Tunisie en matière de RSE
Plusieurs acquis et résultats ont été atteints en Tunisie dans le domaine de la RSE à travers différents engagements. Parmi ces acquis, figure l’initiative du Pacte mondial des Nations unies lancée en Tunisie en 2005, qui apparaît comme un cadre propice pour amener les entreprises tunisiennes à adopter une politique de responsabilité sociétale.
Par ailleurs, et au niveau législatif, plusieurs textes réglementaires ont été mis en place en vue d’organiser les relations du travail, de protéger la santé des salariés, de promouvoir le respect des droits humains, de protéger l’environnement et de lutter contre la corruption.
De même, en ratifiant les conventions internationales adéquates, la Tunisie a adapté en conséquence sa législation sociale et environnementale, qui constitue un cadre propice à la mise en œuvre de la RSE.
Quant aux acquis institutionnels et de partenariat, figure l’engagement du gouvernement en faveur de la promotion du concept et des principes de la RSE à travers les programmes initiés par le ministère des Affaires sociales entre 2006 et 2009, et depuis 2010 par le Centre international des technologies de l’environnement de Tunis (Citet) et par l’Institut national de la normalisation et de la propriété industrielle (Innorpi), notamment à travers l’adoption de la norme ISO 26000, qui contient des lignes directrices et non des exigences.
Un outil de sauvetage pendant la crise pandémique
L’adoption d’une stratégie RSE a un impact important sur l’image et la réputation de l’entreprise. En effet, ces dernières années, l’action sociale exercée par certaines entreprises a beaucoup évolué, particulièrement durant la crise du covid-19, période difficile pour les entreprises et les employés. Alors que les investisseurs et les clients se tournent davantage vers les grandes entreprises engagées dans une stratégie responsable, basée sur des actions sociales et environnementales, les PME et les TPME, les plus impactées par la crise du covid-19, cherchent, de leur côté, des pistes pour compenser leurs pertes.